[Evénement]L'Ombre_et_l'Œil

 
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Icare

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Répondre en citant MessagePosté le: 03 Juil 2006 15:16    Sujet du message: [Evénement]L'Ombre_et_l'Œil

Au lieu où resplendit la plus douce lumière,
Sur les bois et les mers des rayons francs et fiers,
Se faufile toujours une traînée obscure
Dessinant dans le jour une immonde rature.
On ne saurait pourtant évincer de la vie
Cette tache incongrue qui noircit le pays,
Ourlant chaque rocher de lambeaux de ténèbres,
Offrant au cimetière une robe funèbre ;
Car le jour sans la nuit vaut la mort sans la vie
Et tout perd de son sens si rien ne se finit ;
Car le jour et la nuit sont un couple fidèle
Et peut-être le seul qui demeure éternel.
A quoi sert en effet de parler de lumière
S’il n’est, pour l’embrasser, une ombre nécessaire ?
Rien ne peut s’avancer autrement sur les Terres,
Chaque chose ne vit qu’à travers son contraire.

«««

Depuis Illuvatar, le premier d’entre tous,
Depuis l’heurt de Melkor dans le chant de la source,
La lumière et l’ombre se partagent le monde,
Dominant tour à tour une lutte féconde.
Si le soleil éclaire aujourd’hui la Comté,
Peu encor se doutent que le temps est compté :
Mais dans le bois elfique une communauté
A vu déjà le jour. Ils sont déterminés
A détruire l’Anneau qui emprisonne l’âme.
Parmi eux, neuf vaillants compagnons, nulle dame,
Car il marchent avant de trop vastes menaces
Lorsqu’ils s’avancent là où l’ombre les dépasse.
Las, c’est à grand peine, alors que deux s’enfuient,
Que les autres font face au pouvoir de la Nuit :
Contre les gobelins qu’ils se devaient d’occir,
L’héritier du Gondor n’est pas seul à périr.

«««

Loin de tout, désarmés, ils sont deux, loin des villes,
Ils sont Petites gens et se glissent, agiles :
Sous la Tour de Sauron, les Hobbits se défilent ;
Et déjà dans le loin le volcan se profile,
Où Frodon doit jeter son accablant fardeau.
Mais l’Œil est là, qui guette et cherche autour l’Anneau,
Car l’Œil est là, jaloux, qui voudrait être Roi ;
Et l’Œil est là, en quête, et le voilà qui voit !
Aussitôt qu’il comprit quel était le dessein
Qui poussait deux Hobbits à s’aventurer loin
D’un foyer chaleureux et d’une vie paisible,
Il lança à leur suite une foule nuisible :
De leur funeste action, les orcs se détournèrent,
Et contre les Petits, ils se précipitèrent.
A deux contre dix-mille, eux périrent enfin,
Et l’Anneau, fourbe et noir, échappa de leurs mains.

«««

Là, Sauron, le Seigneur possesseur de l’Anneau,
Sous la terre et les airs prétendit à nouveau
Faire régner sans fin le régime des ombres ;
Et alors que déjà s’avançait la pénombre
Comme un troupeau du Mal dans un galop rageur,
En tous lieux le bonheur laissait place à la peur.
Des visages défaits et des pleurs attristés
Remplacèrent partout, jusque dans la Comté
Où les gens sont rieurs, les sourires ravis
Et les regards d’espoir qu’on portait à l’envi.
Ô, qu’ils furent nombreux les guerriers de valeur
Qui face à l’esclavage ont préféré la mort !
Reparurent alors les pires créatures
Qui hantèrent jamais le cœur de la nature ;
Et ces êtres pétris par les pires des vices
Désormais et partout sur les Terres sévissent.

«««

Le Troisième Age ainsi s’acheva sur la Mort,
La victoire du Mal, qui s’est fait le plus fort.
Longtemps demeurera l’équilibre nouveau
Etabli par la guerre au sujet de l’Anneau ;
Et l’automne mourant accouche de la bise
Moribonde ; partout, le chagrin s’éternise.
Malgré le froid d’hiver que l’on croit infini
Et la morsure du vent qui jamais ne guérit,
Il subsiste sous terre une graine vivace
Qui s’apprête un beau jour à refaire surface.
L’on oublia un temps que l’aube est immortelle
Et qu’à chaque printemps la fleur renaît plus belle ;
On voulut que partout l’ombre ait pris le dessus,
On voulut que le jour soit à jamais perdu.
Mais le jour et la nuit sont un couple fidèle,
Et peut-être le seul qui demeure éternel.
_________________
� Nous cr�ons � notre mesure et � notre mani�re d�riv�e, parce que nous sommes cr��s, mais cr��s � l'image et � la ressemblance d'un Cr�ateur. � Tolkien

�Celui qui ne s�occupe pas de son estomac, s�occupera difficilement d�autre chose.� Samuel Johnson
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